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T H A N O N
17 septembre 2020

THANON LAOTIENNE PORTRAIT par François Montagnon auteur-Photographe-© 1998-2020 FOM'SEL & Thanon Oδυσσεύς

 

Que-t-ont ils fait

Ma chérie, mon aimée
Ta lèvre est abîmée
Qui t’a donné ce coup
J’y songe tout à coup
Nous devons nous enfuir
Plus loin que la Crimée
Et que le fleuve Amour
Et que le fleuve Aimé

Ma chérie, mon aimée
Regarde par la vitre
Le monde est enrhumé
Le monde est embaumé
Comme Toutânkhamon
On en a vu des monts
On en a vu des villes
Du fond de ce camion

Toujours toujours
Recommencer toujours
Sans se retourner
Tu cours, tu cours
recommencer

Ma chérie, mon aimée
Ta lève est abîmée
Regarde par la vitre
Par la vitre fermée
Et les étoiles qui défilent
La terre s’est emballée
Et tous les hommes seront damnés
Si quelque chose nous arrive

Ma chérie, mon aimée
Quel saint faudrait-il prier
Pour éviter cette horreur
Cette aiguille toute rouillée
Cette soucoupe qui fait peur
Quand je regarde en arrière
Si fragile et si fière

Comme une petite sirène
Une princesse, une reine
Une déesse qui se traîne
Dont je touche la joue en feu
Dont je caresse les cheveux
Qui me supplie que je l’emmène
Lui fasse fermer les yeux
Que je la torde, que je la prenne

Ma chérie mon aimée
Mon grand huit parfumée
Qui t’a donné ce coup
J’y songe tout à coup
Il nous faudra les condamner
Tout effacer d’un coup
Plus loin que les années
Jusqu’aux rivages du Pérou

Toujours, toujours
Tu cours, tu cours
Recommencer

Ma chérie, mon aimée
Dont la poitrine se soulève
À la commissure de tes lèvres
La salive de ton baiser
Comme une flaque,
comme une sève,
comme un liquide rosé
Sur le drap s’est déposé

J’écarterai le rideau
Je te mettrais sur le dos
Que la lumière te pénètre
Que la terre entière sache
Qu’il n’y avait aucun secret
Qu’il n’y avait aucune tache
Sur ton coup blanc
comme de la craie
Ton poignet que j’attache

Vers l’espace, vers les nues
Et j’embrasse ton ventre nu
Tout ce qu’il a représenté
Et le sein marbré que tu grattes
Quand je m’allonge à ton côté
Nous irons plus loin que l’Euphrate
Nous irons plus loin que l’été

Quand je vois ce lit défait
Quand je vois ce lit saccagé
Et ce regard qui m’effraie
Parce qu’il fixe trop loin
Où nous n’avons jamais été
Et que le soleil qui s’est éteint

Ma chérie mon aimée
La portière s’est refermée
Sur nos instants les plus beaux
Tes miaulements de cabot
Et la nuit va venir
Saura bientôt nous endormir
Saura bientôt nous rassurer
À l’oreille nous susurrer

Toujours, toujours
Recommencer toujours
Recommencer

Gérard Manset-Opération Aphrodite 2016

 

 

 

 

 

LAOTIENNE PORTRAIT-François Montagnon auteur-Photographe-© 1998-2020 FOM'SEL & Thanon Oδυσσεύς

 

D’où vient ce titre, « Rimbaud plus ne sera » et quelle en est l’inspiration ?

Gérard Manset : Cela fait partie des allitérations ou des surprises qui quelquefois ne veulent pas dire plus mais qui s’imposent, à la tournure née de l’instinctif. Et en réalité Rimbaud veut dire plutôt le Roméo des galanteries perdues d’un siècle qui veut tout dire, tout expliquer, et en réalité par ce désenchantement amène à des relations stériles. Les jeunes filles maquillées, celles qui mâchent du chewing-gum, se croient des reines à la sortie des BEP et fument sur les trottoirs, vulgaires, mal éduquées par des parents qui ne savent plus lire et se veulent modernes.

Ecrit quand ?

G.M : Cela remonte à quelques années, l’album Manitoba, ou encore en amont ? Obok ? Je ne sais, j’en ai beaucoup, de ces repentirs ou de ces essais multipliés par les relectures et les hésitations, un jour blanc un jour noir, un jour peut-être et un jour gris, le lendemain ensoleillé.

Pourquoi aujourd'hui ?

G.M : Pour la pertinence décalée de ce qui va disparaître, car Rimbaud ou Verlaine bientôt reclus dans les bibliothèques destinées aux censeurs, à la paléontologie de l'écrit.

 

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